Vestiges et souvenirs de trains et de gares en Pays d’Olmes

A l’aube du XX° siècle, notre pays en pleine expansion a besoin de moyens de communications des plus performants pour le transport des voyageurs, des matières premières et des marchandises. Le réseau routier vétuste n’est pas en mesure de satisfaire la demande. C’est pourquoi, le ministère des Transports jettera son dévolu vers le chemin de fer.

En Ariège, La Compagnie des Chemins de Fer du Midi réalisera quelques lignes secondaires, notamment en 1898 la liaison Pamiers - Bram via Moulin-Neuf, suivie de la bretelle Moulin-Neuf – Lavelanet en 1903. La construction de ces deux tronçons posera quelques problèmes dus au terrain accidenté et l’on verra apparaître des tunnels à Camon, Chalabre, Laroque d’Olmes, des tranchées à Ludiès et Dreuilhe, un viaduc à Camon, des ponts pour franchir les cours d’eau et une importante quantité de remblais.

Les gares destinées à desservir la liaison Pamiers – Bram seront construites à Le Carlaret, St-Amadou, Les Pujols, Rieucros, Coutens, Mirepoix er Moulin-Neuf en Ariège. Lignairolles, Bellegarde-du-Razès, Belvèse, Cailhou et Montréal dans l’Aude. Le tronçon Moulin-Neuf – Lavelanet verra les gares de Lagarde, Camon (09), Chalabre, Rivel, Montbel et St-Colombe (11). Le Peyrat, La Bastide sur l’Hers et Laroque d’Olmes (09). Ces voies ferrées seront jalonnées de maisonnettes équipées de lourdes barrières montées sur rails qui auront pour mission d’interrompre la circulation routière lors du passage des trains. Une double rangée de gros fil de fer empêchera l’accès de la voie aux animaux qui sont en liberté dans les pâturages environnants où, les clôtures ne feront leur apparition qu’après 1939 à 1945.

Les gares étaient reliées entre elles par téléphone et télégraphe (morse), seul moyen de liaison pour assurer le fonctionnement des services. Les liaisons étaient assurées par des « trains légers » (appellation officielle) comportant deux wagons de voyageurs, l’un compartimenté pour la 1ère et 2ème classe, l’autre pour la 3ème qui était la plus utilisée. Le nombre de wagons de marchandises était en fonction du fret à transporter, de loin le plus conséquent sur le trajet du retour vers Bram. Parmi les produits exportés on trouvait les céréales, le foin, la luzerne et les bestiaux. Pour la forêt, le bois de chauffage et de construction, les piquets pour les vignes. Pour les produits manufacturés, des chapeaux, chaussures, draps, peignes, ainsi que des produits de fabrication artisanale. L’utilisation de deux locomotives a été parfois nécessaire pour tracter les longs convois.

Concurrence de la route. Dès la mise en route du second tronçon, en 1903, l’intitulé officiel des deux circuits devint : Bram à Lavelanet et Moulin-Neuf à Pamiers. Les horaires au départ de Pamiers étaient 6h42 et 11h50 pour le matin, 3h51 et 7h30 pour le soir. Tarifs intermédiaires pour Mirepoix – Pamiers : 2F90, 1F95 et 1F30. Pour Moulin-Neuf – Lavelanet : 3F60, 2F45 et 1F55 avec possibilité de réduction sur un aller-retour.

Mais après avoir connu une période faste, les Chemins de fer vont subir la concurrence de la route. Le tronçon Mirepoix – Pamiers sera rayé de la carte en 1939. Et, le 16 décembre 1973 (à peine 70 ans de fonction), le petit train de marchandises sifflera une dernière fois sur la ligne SNCF Lavelanet – Bram.

A la fermeture de la ligne, les bâtiments connurent diverses fortunes. Si quelques maisonnettes furent louées à titre d’habitation, d’autres furent la proie de vandales : cheminées en marbre volées, portes arrachées, vitres brisées, tout cela malgré les plaintes déposées par la SNCF. Voyant la tournure prise par les événements, les responsables se hâtèrent de mettre tout en vente.

A l’aube de l’an 2000, une étude est lancée au niveau des chemins de Grande randonnée pour permettre une liaison touristique entre Montségur et le Canal du Midi en utilisant dans la mesure du possible le tracé de l’ancienne voie ferrée.

Si à l’aube du XX°, les chevaux vapeurs s’élançaient à la conquête de la vallée de Hers : Qui, aurait osé pronostiquer qu’ils seraient remplacés un siècle plus tard par des chevaux à crottin, des promeneurs et vététistes ?

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D.B.

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